HPI, HPE : démêler le vrai du faux pour mieux accompagner les enfants

Introduction

Depuis quelques années, les termes HPI (haut potentiel intellectuel) et HPE (haut potentiel émotionnel) envahissent les médias, les réseaux sociaux et les discussions de parents. Entre livres à succès, tests en ligne et coachs spécialisés, difficile de savoir où se situe la réalité scientifique.

Beaucoup de familles arrivent en consultation inquiètes :

“On nous a dit qu’il était sûrement HPE parce qu’il est très sensible.”

“On a fait un test gratuit sur Internet, il serait HPI, que doit-on faire ?”

Cet article a pour objectif de clarifier les définitions, casser les idées reçues et donner des repères fiables pour accompagner les enfants, sans tomber dans les pièges marketing.

1. Qu’est-ce que le HPI ?

Le terme Haut Potentiel Intellectuel (HPI) désigne une personne ayant un quotient intellectuel (QI) supérieur ou égal à 130, mesuré par des tests standardisés et validés scientifiquement : WISC pour les enfants, WAIS pour les adolescents et adultes, WPPSI pour les plus jeunes.

🔹 Prévalence : environ 2,3 % de la population.🔹 Un profil hétérogène :

• HPI homogène : l’enfant présente des performances élevées dans toutes les sphères cognitives.

• HPI hétérogène : les scores varient fortement d’un domaine à l’autre.

⚠️ Attention aux raccourcis :

• Un QI élevé n’est pas synonyme de réussite scolaire ou sociale.

• Certains enfants HPI présentent aussi des troubles des apprentissages, du TDAH ou d’autres TND.

• Ce n’est pas une “étiquette magique”, mais un profil cognitif particulier.

2. Qu’est-ce que le HPE ?

Le Haut Potentiel Émotionnel est un concept très populaire… mais peu reconnu scientifiquement. Contrairement au HPI, il n’existe aucune définition consensuelle ni aucun test standardisé validé.

Le HPE est souvent décrit comme :

• Une forte sensibilité émotionnelle.

• Une empathie développée.

• Une réactivité intense face aux stimuli.

En réalité, ces caractéristiques peuvent concerner beaucoup d’enfants, HPI ou non. La science montre qu’il existe effectivement des profils plus sensibles émotionnellement, mais les relier à une notion de “haut potentiel” reste très discutable.

👀 Clin d’œil : le succès du concept de HPE doit beaucoup au marketing. De nombreux livres, tests et accompagnements “spécialisés” surfent sur cette vague… mais peu s’appuient sur des données robustes.

3. Mythes et idées reçues

Il est temps de démystifier certaines croyances largement répandues :

Idée reçue	Réalité scientifique
“Les HPI sont forcément des génies.”	❌ Faux. La majorité ont un profil cognitif particulier, mais pas forcément des compétences extraordinaires.
“Un enfant HPI n’a pas de troubles d’apprentissage.”	❌ Faux. Un HPI peut avoir une dyslexie, un TDAH, un TSA, etc.
“HPE = hypersensible = empathie extrême.”	❌ Simpliste. L’hypersensibilité existe, mais elle n’est pas systématiquement liée au HPI.
“Les tests gratuits en ligne sont fiables.”	❌ Archi-faux. Seuls les tests passés auprès de psychologues formés sont valides.

4. Les liens entre HPI, HPE et TND

De nombreux enfants viennent consulter pour un soupçon de HPI, mais parfois la situation est plus complexe :

• TDAH : impulsivité, attention fluctuante, grande énergie.

• TSA : difficultés dans les interactions sociales, intérêts spécifiques.

• Troubles DYS : dyslexie, dyspraxie, dyscalculie, etc.

Un enfant peut être HPI et TDAH, HPI et dyslexique, voire HPI et TSA.C’est pourquoi il est essentiel de ne pas se limiter au chiffre du QI : un bilan complet, réalisé par un psychologue formé et intégré à une évaluation pluridisciplinaire, permet de mieux comprendre le profil global de l’enfant.

5. Comment accompagner un enfant HPI ou avec un profil émotionnel particulier

Peu importe l’étiquette, le plus important est d’accompagner l’enfant dans son développement :

a) Soutenir l’estime de soi

• Valoriser les forces, mais aussi normaliser les fragilités.

• Éviter de mettre une pression liée à l’étiquette “haut potentiel”.

b) Adapter les attentes scolaires

• Échanger avec les enseignants pour mieux comprendre les besoins.

• Favoriser la différenciation pédagogique quand c’est nécessaire.

c) Aider à réguler les émotions

• Enseigner des stratégies d’auto-régulation.

• Soutenir les parents face aux débordements émotionnels.

d) Travailler en réseau

• Parents, enseignants, psychologues, orthophonistes, ergothérapeutes…

• Une approche pluridisciplinaire pour un accompagnement plus juste.

Conclusion

Le HPI est une réalité scientifique, le HPE est un concept plus flou… mais dans les deux cas, l’enfant reste au centre.Plutôt que de chercher à coller une étiquette, l’enjeu est de comprendre son fonctionnement, ses besoins, ses forces et ses fragilités.

🚨 Attention aux raccourcis :

• Méfiez-vous des tests en ligne et des diagnostics express.

• Restez prudents face aux discours trop simplistes ou très commerciaux.

• Privilégiez des évaluations menées par des professionnels formés.

Parce qu’au fond, l’essentiel n’est pas de savoir si un enfant est HPI, HPE ou “juste sensible”, mais de lui offrir les bonnes clés pour s’épanouir.